mercredi 7 mars 2012

fatehpur sikri

Il y a, près d'Agra, à une vingtaine de miles, une cité morte, construite par les dominateurs musulmans, et tout de suite abandonnée, à cause de l'aridité des alentours. Elle est restée presque intacte. Une grande enceinte de murs rosâtres entoure, en formant un large anneau, la campagne et quelque misérable hameau surgi à une époque récente. Au milieu, sur les vallonnements irréguliers d'une colline, est construit le centre de la ville, entouré à son tour de hautes murailles. Le tout en briques rosâtres, avec çà et là des fioritures d'arabesques en marbre.
[…]
C'était extraordinaire. Je ne m'en serais jamais détaché. Il y avait la mosquée, dans une vaste cour pavée de tommettes rosâtres, avec, en son centre, la vasque bordée de marbre, et un immense arbre vert, stupéfiant, extatique : la mosquée tout entière n'était qu'enjolivure, une broderie folle de marbre jauni par le temps, avec des veinules de consomption et des pâleurs de jeunesse. Tout autour, de petits palais qui, au fond, avaient la couleur et la mesure de nos plus beaux palais du XIVe siècle : un style roman profane et somptueux. De cour en cour, on passait au palais du roi, au palais des femmes, au palais des réunions, au « divan » où étaient reçus les sujets. Le tout intact, en plein soleil, offert à tous les regards.


Pier Paolo Pasolini, L'odeur de l'Inde, 1962

 












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